Blanc : l’heure du bilan

Publié le par football.33

Bordeaux

Ca y’est Bordeaux et Blanc c’est terminé officiellement depuis dimanche. Officieusement, on peut penser que cela se situe après ce quart retour de ligue des champions lorsque le champion du monde vient saluer le virage sud. L’équipe ne répond plus, les rumeurs se succèdent, et dans les faits c’est bien un mois de compétition que Bordeaux aura traversé comme un bateau à la dérive, et sans capitaine pour maintenir le cap.

 

Les spéculations les plus osées pourraient nous amener à penser que l’affaire Ribery est une réponse de M6 aux bleus d’Escalettes, pour envoyer un message : Blanc ne sera pas gratuit, et que les premières certitudes quant à l’avenir se situait à cette période. On ne le saura jamais. Aujourd’hui, un entraîneur vient de partir après avoir dirigé les Girondins pendant 3 ans. Ce départ nous met mal à l’aise, nous rappellent nos premières ruptures amoureuses, avec les sentiments qu’elles ravivent : colère, déception, sentiment de trahison … La déception du jour est comme bien souvent aussi forte que l’amour que l’on a porté à cette équipe.

 

 

 

Bilan sportif : un changement de braquet

 

Depuis M6 et après le miraculeux  titre de 99, Baup, Pavon, et Ricardo se sont succédé à la tête des Girondins. La politique du club est bâtie sur les opportunités et l’investissement minimal. Une place européenne, tel est le crédo du club au fil de ces années. Puis une opportunité de plus fait suite à Ricardo : Laurent Blanc. Son aura et son expérience du haut niveau européen vont transformer Bordeaux. 3 saisons : second, champion et sixième avec un quart de ligue des champions et une coupe de la ligue. Il va également amener 4 joueurs dans la liste de Domenech pour l’Afrique du Sud. Ce bilan est exceptionnel pour le club sur 3 saisons de régularité au haut niveau, à l’exception d’une fin plus difficile ou Bordeaux a finalement été victime de son succès.

 

 

 

La fin du règne

 

C’est en effet, en cette année de coupe du monde et de renouvellement à la tête de la sélection, que le meilleur entraîneur de ligue 1 2008, champion en 2009 va être pris à partie. Comment occulter le poids de cette catastrophique gestion à la tête des instances, pourquoi faire publiquement avancer le dossier du sélectionneur dont on savait déjà qu’il serait changé. Blanc par son aura et ses résultats, attire la lumière sur lui, une lumière que Bordeaux ne connaît pas, et n’est pas prêt à gérer. Devant l’omniprésence de la presse et de LA question, dont il n’a évidemment pas à répondre prématurément, ne serait-ce que par respect vis à vis du sélectionneur en place, Blanc va se retrouver coincé. Pris au piège. Et c’est à partir de là que l’on va pouvoir enfin cerner des lacunes dans ses compétences, choses impossibles à faire lorsque les résultats sont exceptionnels.

 

 

 

Un entraîneur encore perfectible

 

Blanc n’en est qu’à sa première expérience et s’en tire largement avec les honneurs. Mais nul n’est parfait, et Blanc, comme tout un chacun, a lui aussi ses axes d’améliorations. On pourrait en citer trois. Premièrement, sa gestion du turn-over, Blanc a tiré le meilleur de 11 à 14 joueurs, mais a ne pas trouver la bonne dose de roulement, il a épuisé ses titulaires et fait perdre toute confiance à ses remplaçants, s’enfonçant toujours plus dans l’impossibilité de faire des changements (que dire des rentrées d’attaquants à la 84ème). Deuxièmement, sa gestion de la communication aura été un véritable fardeau de plus pour Bordeaux. A l’heure ou toute la France s’interroge, Blanc par ses silences à laisser le doute entrer en Gironde (toutefois, n’occultons pas le manque de fermeté et d’agressivité de M6), et comme le dit Lizarazu, « l’incertitude est facteur d’échec ». Enfin, en période de crise, sa part de responsabilité n’aura pas tout à fait été assumée. Plusieurs fois il s’en est pris à la presse, a ses dirigeants, à son staff et surtout à ses joueurs, des joueurs déjà mortifié par le doute. Cela a été dans les mots mais également dans les faits, entre Le Mans & Lyon, entrée de Saivet, sorti aussitôt et pourtant auteur d’une bonne performance. Rare sont les grands entraîneurs d’aujourd’hui livrant à la vindicte populaire leurs plus proches collaborateurs. 

 

 

Son héritage

 

Blanc laisse derrière lui un club livré à lui-même. Les principaux joueurs de son ère vont vraisemblablement partir ou sont déjà partis, le collectif est à reconstruire, mais qui derrière un entraîneur ayant apporté de succès en Gironde. Si Bordeaux ne trouve pas un entraîneur charismatique, ce n’est pas 3 ans en arrière qui risque de lui arriver, mais un bond de 5 ans et un retour à l’été 2005 avant Ricardo.

 

 

La direction du club a vu, grâce à Blanc, l’étage du dessus, le haut niveau, avec ses contraintes, et les caisses du club sont pleines. Le club possède encore dans son effectif des joueurs de très haut niveau.  Bordeaux est à la croisée des chemins, c’est maintenant aux dirigeants de choisir de quoi l’avenir sera fait…

Publié dans Regards

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